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Du nouveau dans la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations

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La Voix de la Russie 24 July 2014
 

Vous vous souvenez sans doute de la cérémonie solennelle lors de laquelle Aurélie Filippetti, Ministre de la culture et de la communication, a remis sept tableaux aux représentants de deux familles spoliées à l’époque par les nazis ? D’autres cérémonies de restitution ne tarderont pas. C’est ce qui nous a confié Nicolas Bénard, Docteur en histoire, chargé de communication et Internet à la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS). Mais la restitution d’œuvres d’art n’est qu’un des champs d’activité de la Commission. Créée en 1999, la CIVS a pour but de proposer les mesures de réparation, de restitution ou d’indemnisations appropriées pour que la justice triomphe et les biens dérobés par les nazis soient rendus à leurs propriétaires.

Depuis sa création la Commission a enregistré plus de 28500 dossiers. Aujourd’hui le nombre de requêtes diminue, ce qui est tout à fait logique, d’ailleurs, et ce qui n’empêche pas à la CIVS de faire des découvertes intéressantes. Nombreux sont les projets auxquels participe la Commission. Nicolas Bénard, Docteur en histoire, chargé de communication et Internet à la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations nous a parlé des perspectives du travail de la CIVS.

LVdlR. Selon les rapports que sort annuellement la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations, on peut remarquer que le nombre de requêtes diminue progressivement. Cela est-il dû au fait que la Commission a déjà satisfait la plupart des demandes ou bien au fait qu’il devient, avec le temps, de plus en plus difficile de trouver les descendants de ceux qui ont souffert pendant l’occupation nazie ?

Nicolas Bénard. Effectivement, le nombre de requêtes enregistrées diminue régulièrement depuis plusieurs années. Je vous rappelle quelques chiffres. On a noté une baisse de plus de 30 pour cent entre 2010 et 2011, une baisse de 25 pour cent entre 2011 et 2012. Mais cette baisse était beaucoup moins importante entre 2012 et 2013 puisqu’elle n’était que de 6 pour cent. On peut néanmoins considérer qu’il y a un certain niveau en dessous duquel on ne descendra pas qui est de l’ordre de 25 à 30 requêtes enregistrées chaque mois. Donc on peut supposer que pour l’année 2014 le résultat sera un peu le même.

Pour revenir aux raisons, la première c’est que la Commission a sans doute accompli une grande partie de sa mission qui était d’indemniser le plus grand nombre de victimes et d’ayants droit. Elle a enregistré plus de 28 000 dossiers. Elle a recommandé près de 500 millions d’euros depuis 2000. Ce sont des montants d’indemnisation qui correspondent aux sommes que les travaux de la Mission Mattéoli avaient estimé concernant les spoliations. On est certainement près des objectifs qui étaient fixés à l’origine des travaux.

Le deuxième aspect, c’est ce que nous appelons la relève des générations. Les victimes directes sont cinq fois nombreuses aujourd’hui qu’en 2000. Les enfants des victimes directes sont deux fois moins nombreux qu’en 2000. Nos sources aujourd’hui sont des sources d’information indirectes et donc forcément supposent des recherches un peu plus difficiles auprès des centres d’archives.

LVdlR. La fin de l’année 2013 a été marquée par la découverte grandiose en Allemagne, dans l’appartement du collectionneur Gurlitt, de quelque 1,5 mille tableaux qui étaient considérés au Troisième Reich comme l’art « dégénéré ». Quel est le sort de ces tableaux ? La Commission suit-elle le destin ultérieur de ces œuvres d’art remarquables ?

N.B. Oui, la Commission a la chance d’avoir une antenne à Berlin. Les agents du bureau allemand suivent l’évolution de ce dossier. La CIVS s’est rendue en Allemagne au mois de décembre 2013 pour rencontrer un certain nombre de personnalités scientifiques qui travaillent sur ce dossier et pour indiquer qu’elle suivrait évidemment avec beaucoup d’attention son évolution. Aujourd’hui la CIVS ne fait pas partie du groupe de travail de la Task Force qui a été mise en place en Allemagne. Concernant la France, c’est M. Thierry Bajou qui travaille à la Direction des musées de France qui fait partie de ce groupe de travail. Ce groupe de travail s’est fixé comme objectif de recenser l’intégralité des œuvres qui ont été découvertes afin d’évaluer si certaines ont été spoliées notamment en France.

LVdlR. En 2013, il y avait un autre évènement qui a eu une résonance médiatique en France. Sept tableaux ont été rendus aux ayants droit de Richard Neumann et Josef Wiener par la ministre de la culture de la France. Est-ce que votre Commission a d’autres projets d’une ampleur pareille ?

N.B. Il y a eu, effectivement, ces dernières annéesplusieurs cérémonies de restitution d’œuvres d’art qu’on appelle MNR (« Musées Nationaux Récupération ») qui sont des œuvres d’art qui ont été récupérées par la France après la guerre. Ces œuvres sont soit exposées, soit en dépôt dans les musées français. La CIVS est régulièrement saisie par des requérants qui demandent la restitution d’une ou de plusieurs de ces œuvres. La famille Neumann effectivement avait été spoliée et certaines de ses œuvres ont été restituées à ses ayants droit l’année dernière par le Ministère de la culture. La CIVS avait travaillé sur ces dossiers. Et là il y a un autre dossier qui est en cours, qui devrait être restitué avant la fin de l’année. La CIVS a recommandé sa restitution au mois de février 2014. Le dossier est maintenant au Ministère de la culture. Le requérant vit à New-York. C’est un MNR qui se trouve au Louvre mais qui n’est pas exposé.

La personne qui travaille à la CIVS sur les œuvres d’art spoliées a un certain nombre de dossiers sur son bureau qui est en cours de recherche. La procédure avance. Le groupe de travail qui s’en occupe et dont la CIVS fait partie, devrait prochainement rendre à la Ministre un rapport sur sa première année d’activité.

LVdlR. La Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations va-t-elle répandre son activité sur d’autres pays ?

N.B. Depuis sa création la CIVS participe régulièrement à de différents colloques et à des rencontres internationales pour, d’une part, présenter son activité qui est reconnue aujourd’hui à l’échelle européenne et à l’échelle internationale. D’autre part, pour apporter son expérience et sa connaissance de ces procédures de restitution. Elle a notamment participé à la conférence de Prague en 2009 qui a abouti à la Déclaration Terezin signée 30 juin 2009 par 46 Etats dont la Russie. Tous ces Etats sont engagés moralement à poursuivre le processus de réparation des biens qui ont été spoliés. Elle s’est rendue aussi l’année dernière à la Haye pour participer à une conférence européenne qui réunissait les principaux Etats européens qui s’inscrivent dans des politiques de restitution importantes (les Pays-Bas, le Royaume Uni, L’Allemagne, l’Autriche). Evidemment, elle pourra apporter son aide et son soutien à d’autres pays qui peuvent être amenés à développer ce genre de procédures de restitution.

 

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