Le ministère de la culture a remis en mars trois tableaux aux ayants droit de leurs propriétaires spolies par les nazis © MaxPPP/Christophe Petit Tesson
Un an et demi après la mise en place de la commission, une vingtaine d’ayant droits ont été identifiés. C'est évidemment un point positif. Mais Isabelle Attard, députée et auteur d’un rapport sur la question, reste très critique. Non seulement, dit-elle, cette commission travaille sans moyens sur de vieilles photos en noir et blanc. Mais elle a surtout le sentiment que les conservateurs trainent toujours les pieds.
Isabelle Attard
Depuis 1949 on ne s'est même pas donné la peine de retourner un tableau au dos duquel figuraient le nom de son propriétaire et son adresse
Et on ne parle que des 2.000 tableaux qui ont été récupérés à la libération et qui ont été conservés dans les musées. Or il faut savoir qu’il y a aussi des œuvres dont on ne sait pas qu’elles ont été spoliées parce que pendant la guerre, les Allemands ont gardé les tableaux qu’ils jugeaient beaux -ceux-là on a pu les récupérer-, mais ils ont dispersé sur le marché les plus modernes qu’ils jugeaient dégénérés.
L’avocat Antoine Comte défend les intérêts de plusieurs familles spoliées
Des dizaine et dizaines de galerie parisiennes étaient des "galeries de collaborateur". Tout le monde se servait. Tout le monde a les mains sales.
On a donc ainsi blanchi des tableaux, que de nombreux musées ont ensuite acheté de bonne foi. Et du coup, on ne compte plus donc les contentieux. A l’image de cet habitant de Montreuil, Alain Monteagle. Il a retrouvé un tableau du peintre britannique Constable qui appartenait à sa grande tante au musée de la chaud de fond en suisse. Mais ses responsables refusent de le lui rendre.
Alain Monteagle
Ils ont décidé de ne pas rendre le tableau, mais juste d'ajouter une petite plaque pour dire que le tableau a été spolié à une famille juive.
Monika Tatzkow
Les héritiers Silverberg ont fourni toute la documentation requise. Nous refusons la réonse qui nous a été donnée.
Mais pour la direction des musées français, la preuve de la spoliation n’a pas été établie. Alors, pour éviter ce type de contentieux, des historiens de l’art recommandent donc de faire des recherches sur les tableaux datant d’avant 45.
Mais pour Corinne Erschovitch, une autre avocate, le message ne passe pas
J'ai l'exemple de trois tableaux de Derains, récalmé par une famille juive française, pour lesquels j'ai demandé des recherches. Il ne s'est rien passé.
La direction des musées répond qu’un inventaire est en cours et que s’il révèle des anomalies, des recherches seront lancées, des recherches ciblées.
►►► POUR EN SAVOIR PLUS | Une enquête à retrouver vendredi soit à 19h20 dans Secrets d’info sur France Inter.
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