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Une bande dessinée sur les œuvres d’art spoliées - A cartoon film on looted works of art

1998
1970
1945
La Croix 23 May 2016
Florence Pagneux, à Angers

Les musées d’Angers ont conçu, avec plusieurs partenaires, une bande dessinée numérique autour des œuvres spoliées aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Une exposition en présente les planches originales.


La bande dessinée est disponible sur Internet. / /Le Portrait d’Esther

Durant la Seconde Guerre mondiale, pas moins de 60 000 œuvres d’art ont été spoliées aux familles juives par l’Allemagne nazie. À Paris, Rose Valland, attachée de conservation à la Galerie nationale du Jeu de paume, principal site de dépôts des biens confisqués, est parvenue à en garder la trace dans le plus grand secret. Elle a ainsi participé au sauvetage et à la récupération d’environ 45 000 pièces, pendant et après la guerre.

En 2016, la France en conserve 2 000, toujours en attente de restitution et estampillées du sigle « MNR », pour « musées nationaux récupération ». Le Musée des beaux-arts d’Angers, qui s’en est vu confier sept, s’est lancé dans une vaste opération de mise en avant de cette histoire, souvent restée dans l’ombre. D’abord en rédigeant un cartel spécifique sous chacune des toiles exposées, puis en éditant des dépliants d’information pour les visiteurs, espérant qu’un propriétaire se manifeste un jour.

 

Pour toucher les jeunes de 15 à 18 ans, les musées d’Angers ont choisi de prolonger leur engagement en éditant une bande dessinée numérique autour de cet épisode. « Cette histoire est encore fraîche et il est impératif de la transmettre », souligne Julie Guillemant, médiatrice culturelle des musées d’Angers et coordinatrice du projet, qui a travaillé avec de nombreux partenaires et bénéficié du soutien financier du ministère de la culture. Intitulée Le Portrait d’Esther, cette bande dessinée dite « responsive » est accessible sur un site Web spécifique, mais aussi sur tablette ou téléphone mobile (1).

« Beaucoup ne connaissent pas cette histoire »

Tout au long de son élaboration, le dessinateur Pierre Jeanneau et le scénariste Romain Bonnin ont bénéficié de l’avis d’une trentaine d’élèves d’un collège et de deux lycées angevins. « L’objectif était d’être au plus proche de notre cible », raconte la médiatrice. L’ouvrage numérique a également été enrichi de textes, sons et vidéos, réalisés en collaboration avec l’historienne Emmanuelle Polack, spécialiste du sujet. Tout en se fondant sur ces faits réels, les auteurs ont imaginé une histoire fictive, facile d’appropriation.

 

Les lecteurs suivent ainsi une jeune fille de 15 ans, Iris, découvrant que sa grand-mère Esther s’est vu confisquer tous ses biens, dont son portrait, réalisé par un peintre postimpressionniste. Au fil des pages, Iris se replonge dans l’histoire tragique de ses arrière-grands-parents et finit par retrouver le fameux tableau de son aïeule, exposé des dizaines d’années plus tard dans l’un des musées d’Angers. Ces dessins en noir et blanc, aux lignes saillantes, plongent avec beaucoup de force les internautes au cœur de l’atmosphère du Paris des années 1940. Une exposition, qui présente les planches originales de la bande dessinée et met en valeur les œuvres MNR, est proposée jusqu’au 26 juin 2016 au Musée des beaux-arts d’Angers. « Elle questionne énormément les visiteurs, confie Julie Guillemant. Beaucoup ne connaissaient pas cette histoire. Ils ne savaient pas qu’en plus de tuer les gens, les nazis avaient aussi voulu massacrer leur mémoire… »

http://www.la-croix.com/Culture/Expositions/Une-bande-dessinee-sur-les-oeuvres-d-art-spoliees-2016-05-23-1200762105
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