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Le musée de Brive indemnise les propriétaires d'une tapisserie spoliée en 1936 en Autriche

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1970
1945
Le Figaro 19 April 2021

Acquise en 1995 par le musée Labenche, l'œuvre faisait l'objet d'une enquête sur sa provenance depuis le milieu des années 2000.


En 1995, la municipalité avait acheté légalement cette tapisserie du XVIIe siècle, ignorant que la pièce avait été vendue à vil prix en 1936 par une famille munichoise

Elle faisait l'objet d'une réclamation d'une famille juive spoliée. Une tapisserie des collections du musée de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, a fait l'objet d'une négociation à l'amiable ayant abouti à une indemnisation, plutôt qu'à sa restitution. En 1995, la municipalité avait acheté légalement, pour 660.000 francs (138.000 euros), une tapisserie du XVIIe siècle, de la manufacture anglaise Mortlake, à une galerie parisienne. Baptisée L'Odorat, elle complétait une collection d'une dizaine d'autres «Mortlake», fierté du musée Labenche, principal musée de la commune.

Onze ans après cette acquisition arrivait un courrier du cabinet d'avocats de Munich Van Trot, demandant au musée d'enquêter sur la provenance de l'œuvre. La tapisserie ressemblait, en effet, à celle achetée en 1936, à vil prix, à la famille Drey, à Munich. De longues et complexes recherches ont montré qu'elle était passée par trois maisons de vente et des propriétaires privés entre 1936 et 1995.

David Zivie, chef de la mission du ministère de la Culture sur les spoliations, «nous a demandé fin 2020 d'engager une négociation avec le cabinet Van Trot. Il n'y avait pas demande de restitution mais d'une solution à l'amiable. Les élus étaient à l'unanimité pour dédommager les ayants droit», raconte à l'AFP le directeur du Musée Labenche, Vincent Rigau-Jourjon. Au terme d'un «protocole transactionnel» signé le 15 janvier 2021, 140.000 euros ont été débloqués, correspondant au prix d'achat de 1995. «Un geste fort de la ville du résistant Edmond Michelet et une somme bien au-dessus du budget du musée», note le directeur.

Ce musée travaille à des cartels pour expliquer ce qu'est la spoliation, sur cette tapisserie et sur cinq œuvres spoliées en dépôt classées MNR (musées nationaux récupération). «C'est un exemple de coopération entre un musée, une famille spoliée et la Mission», a salué David Zivie. Ainsi cette «solution juste et équitable» a permis à la ville de garder la tapisserie et d'éviter une procédure législative de restitution.



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